La Norvège n'a pas oublié l'action résistante de Charles Laurier et des camarades requis par Vichy...


Requis pour le STO, Charles Laurier fut, en Norvège, l'un des organisateurs de la Résistance au nazisme. Si ce genre d'action nous est depuis longtemps connue, nos détracteurs les veulent ignorer. En reproduisant cet article, nous rendons d'abord hommage à Charles Laurier et nous rafraîchissons la mémoire de nos adversaires.

Le mouvement de Résistance français en Norvège, 1943-1945

"L'activité militaire française en Norvège durant la dernière guerre ne s'est pas terminée avec le retrait des troupes françaises de Namsos et Narvik en mai-juin 1940. Les exploits du commandant Guedj des FAFL ne sont pas oubliés, pas plus que ceux du sous-marin Junon des FNFL, qui, à plusieurs reprises, amena des saboteurs norvégiens de Grande-Bretagne jusque dans les Fjords.

Pratiquement inconnu, sauf de quelques survivants, est le mouvement de Résistance, né presque spontanément par des requis, victimes du STO, le "Service du Travail Obligatoire" de Vichy. Le STO et les rafles firent 600.000 victimes âgées de 21 à 23 ans, 50.000 ne revinrent pas dont 15.000 fusillés, décapités ou pendus... Les volontaires, malheureusement, il y en eut, ne sont pas comptés dans ces chiffres.

3.000 de ces jeunes Français, restèrent pas en Allemagne, mais furent envoyés en Norvège pour y travailler dans des conditions qui ressemblaient plus à celle des prisonniers de guerre (camps avec des barbelés et des sentinelles armées) qu'à des travailleurs en principe "libres". La plupart aboutirent dans le secteur des Ardalstange-Ovre Ardal où, avec des prisonniers soviétiques et Norvégiens, ils furent affectés à la construction d'une usine d'aluminium, qui, achevée par des Norvégiens, est actuellement une des plus grandes du monde. Quelques mois après l'arrivée des STO, en 1943, commencèrent les sabotages spontanés qui firent des dégâts et entraînèrent les internements dans des camps de représailles en Norvège.

En Février 1944, un jeune Français, Charles Laurier fut, avec une quinzaine de camarades renvoyés du camp de Ovre Ardal à celui de Ardalstange pour manque de zèle... D'individuelle, la Résistance des STO devint organisée. Des groupes de Résistants sous couvert d'équipes de sport se formaient. Les sabotages furent plus systématiques. A l'occasion d'une mission, achat d'équipements sportifs, des contacts furent pris avec la Résistance norvégienne, Milorg (Organisation de la Résistance Militaire), par le canal du Consul honoraire de France, M.Grève qui, bien que suspendu par Vichy, se considérait encore comme le représentant de la France.

Le groupe de Laurier fut désormais une branche de la Milorg de Bergen : renseignements, propagande, sabotages, obstruction des tentatives de propagande des Allemands et des collaborateurs français, bulletins d'information en français, norvégien et russe. Profitant de voyages à Oslo, concernant des prises d'otages parmi les STO, il prit contact avec des Résistants norvégiens et organisa des groupes français prêts à intervenir si c'était nécessaire. Il organisa également des groupes, par correspondance, avec la complicité de postiers norvégiens, dans d'autres camps français, afin que si les combats se propageaient en Norvège, la France y soit représentée. Le Consul Grève avait donné deux drapeaux pour qu'ils puissent flotter sur le camp le jour de la victoire.

Heureusement, contrairement à ce qu'on pouvait craindre, les Allemands capitulèrent sans combat le 8 mai 1945. Ce fut Charles Laurier, âgé de 22 ans qui eut l'honneur et la grande joie de négocier avec les Allemands de Ardalstangen, les conditions de passation des pouvoirs. Appelé le jour même à Oslo, par les nouveaux pouvoirs de la Norvège, libérée, il fut reconnu comme "Délégué Général des Français en Norvège", au même titre que les représentants officiels de la Grande-Bretagne, du Canada et des Etats-Unis. Lui et ses compagnons furent aux places d'honneur lors des cérémonies officielles et furent chargés de libérer leurs compatriotes du camp de concentration de Grini, du rapatriement des Français, de l'arrestation des collaborateurs. Plusieurs ont reçu le Diplôme de Reconnaissance signé du Roi Haakon.

Une épopée quand on se souvient qu'elle fut l'oeuvre spontanée de jeunes Français de moins de 24 ans. La Délégation Générale en coopération avec d'anciens STO de Norvège rassemble la documentation sur l'histoire des STO en Norvège, leurs aventures, le martyre de certains, l'extraordinaire solidarité de la population norvégienne. Elle sert à la rédaction d'un mémoire qui sera déposé au Mémorial de Caen qui réunit ce qui concerne la tragédie du STO.

M. ABADIE-MAUMERT, Délégué général de la Norvège