Trois Travailleurs Forcés

Une bourgade de NORVEGE  HATTFJELLDAL  conserve le souvenir de TROIS TRAVAILLEURS FORCÉS assassinés par les nazis le 19 août 1944

Au cimetière de NARVIK, au delà du cercle polaire, parmi les 120 tombes des soldats français tombés lors des combats de mai-juin 1940 pour la reprise de la ville aux allemands, l’une d’elle porte trois noms, sans indication d’unité militaire, ni de date. Grâce au ministère norvégien des Cultes et de l’Enseignement, la délégation du Souvenir Français d’OSLO, apprenait que cette tombe conservait les restes de trois Français, Léon DAVID (1920), Alfred CORBINAU (1922), Georges GONIN (1923)respectivement originaires de St Denis d’Oléron, de St Nazaire et du Havre, travailleurs forcés au titre du STO, soumis à l’organisation “TODT“ et envoyés en Norvège depuis Stettin en 1943.

Ils ont été assassinés par la police allemande le 19 août 1944 dans la petite commune de HATTFJELLDAL située à l’est de la Norvège non loin de la frontière avec la Suède.

Grâce à plusieurs témoins, le maire de cette commune pouvait fournir de précieux renseignements sur cet épisode tragique. Ces trois Français étaient placés sous le commandement de l’organisation TODT, comme l’étaient les quelques 4000 français déportés en Norvège. Ils travaillaient, en 1943, à Donna à la construction d’une station radar. En 1944, lors de l’évacuation de Finnmark, ils avaient été transférés dans la commune de HATTFJELLDAL où ils travaillaient à la production de plaquettes de bois pour les gazogènes. 

Le dimanche 13 août 1944 les trois Français réussissaient à s’évader du camp sévèrement gardé par la police où se trouvent de nombreux prisonniers soviétiques et prennent la direction de la Suède. A cette époque la région comptait très peu de routes et de chemins et aucun ne menait directement à la frontière suédoise. Au bout de trois jours, fourbus, gelés et affamés ils parviennent à une ferme où la famille REIN leur donne à manger et où ils peuvent faire sécher leurs misérables vêtements. Avant de les laisser repartir le fermier leur donne des vivres et dessine une carte du parcours à suivre et les accompagne jusqu’au pied de la montagne.

Il fait mauvais temps et c’est déjà l’automne avec du vent, une pluie glaciale et de la neige fondue. Le samedi 19 août, ils aperçoivent un chalet refuge et pensent se trouver en Suède. Hélas, il s’agit du chalet d’Etat norvégien de HARVASSDALEN. «  Ce jour là, raconte Hemming IVERSIN, il y avait une patrouille allemande au chalet. Avec ma mère, nous étions dans la cuisine lorsque nous avons remarqué trois hommes à la lisière du bois. L’un d’eux est venu vers la porte. En entrant, nous avons vite compris que s’était des évadés. Il était hélas trop tard pour les mettre en garde contre le danger ». En entendant la voix étrangère dans la cuisine, les allemands ont immédiatement réagi et ont arrêté le jeune français. Ils ont tiré des coups de fusil en direction de la lisière du bois et les deux autres français se sont rendus. Livrés à la Feldgendarmerie de KROKEN ils reprennent le chemin de HATTFJELLDAL. 

Plusieurs habitants de Fossheim les voient passer. Les Français marchent à pied, attachés derrière l’auto des Feldgendarm suivis de soldats allemands en moto. Peu après leur passage  les habitants de la dernière ferme de Fossheim entendent une fusillade. Ils ont vite compris la gravité de la situation. Le calme revenu ces fermiers, Monsieur LIE et Monsieur SANDVIK suivent la route et découvrent l’endroit plein de douilles et de sang. C’est ici que se trouve la stèle commémorative érigée après la guerre. Avant cette stèle de pierre Monsieur LIE avait érigé une stèle en bois sur laquelle il avait fait une croix avec les douilles ramassées et pieusement conservées.

Les allemands ont emporté les cadavres des trois jeunes Français assassinés qui furent ensuite pendus dans un hangar du camp pendant trois jours à titre d’avertissement aux autres détenus. Enterrés provisoirement sur place leurs restes furent transférés le 28 août 1962 au cimetière de NARVIK au milieu des tombes des militaires français tombés en 1940.

Après la libération de la Norvège, en août 1945. Trois allemands responsables de cette atrocité ont été arrêtés par la police norvégienne et le service de renseignements français et une reconstitution fut organisée sur les lieux du massacre. Un grand nombre d’habitants s’étaient déplacés autour de ceux qui avaient été les témoins de cet assassinat. 

Les responsables ont été jugés et condamnés. Nous ne sommes pas en mesure de donner des détails sur cette condamnation que nous ne retrouvons pas dans les archives conservées par la mairie de HATTFJELLDAL.